édition décembre 2003

Le tabac au féminin,
par Pierre Fabre Santé


Du point de vue poids, taille et musculature, les femmes paraissent évidemment plus fragiles que les hommes. Mais face au tabac, leur vulnérabilité est aussi en relation avec leur statut hormonal, naturel ou pas (pilule), et celui de (future) mère (grossesse, allaitement). Détails*.

Tabac et pilule:
Actuellement, 35,3% des femmes qui prennent la pilule fument régulièrement. Or l'association pilule-tabac augmente considérablement les risques de mortalité en favorisant l'apparition:
- de maladies thrombo-emboliques (artérielles et veineuses), cardio-vasculaires (hypertension artérielle...), et cérébro-vasculaires,
- d'affections hépatiques,
- d'hyperlipidémies,
- du diabète...

Tabac et cycle menstruel:
les cycle sont perturbés et plus douloureux, avec d'avantage de syndromes prémenstruels.

Tabac et fertilité:
Parce que le tabac présente une action anti-oestrogénique, les fumeuses mettent 3 à 4 fois plus de temps à être enceintes. En effet, le tabagisme entraîne une altération du fonctionnement de l'ovaire, (hypofertilité), constatée lors de procréations médicalement assistées, les résultats obtenus chez les fumeuses étant moins bons que ceux observés chez les non-fumeuses.

Tabac et bébés:
35% des femmes sont fumeuses en début de grossesse et 70% d'entre elles continuent... pourtant, les composants du tabac ont une action toxique directe sur le placenta et le foetus:
- Le risque de naître prématuré augmente, surtout si la future mère fume plus de 10 cigarettes par jour.
- La rupture de la poche des eaux est deux fois plus fréquente chez les fumeuses.
- A la naissance, les bébés des fumeuses pèsent en moyenne 200 g de moins que les autres.
- Le risque d'accoucher d'un enfant mort-né double en cas de tabagisme.
- La nicotine a un effet néfaste sur le cerveau du foetus. En traversant la barrière encéphalique, elle viendrait se fixer sur les récepteurs nicotiniques cérébraux, modifiant ainsi toute la chaîne des neurotransmetteurs, qui jouent un rôle essentiel dans la croissance et la différenciation neuronale.
- Quand la mère fume, la mort subite du nourrisson est deux fois plus fréquente pendant la première année de vie. Le tabac agirait sur un récepteur du cerveau qui, une fois activé, diminue les réflexes respiratoires du foetus qui permettent de réagir aux apnées du sommeil.
- Par ailleurs, le tabagisme passif du tout-petit affecte les poumons, et on observe des troubles respiratoires et des affections ORL à répétition (otites...) plus fréquents.
- A plus long terme, des troubles de l'attention et de la concentration, ainsi qu'une certaine agitation, peuvent être observés chez les enfants dont les mères ont fumé pendant leur grossesse. Et les filles exposées au tabac in utero seraient moins fertiles à l'âge adulte...

Tabac et allaitement:
La nicotine passe dans le lait maternel et la production de celui-ci est diminuée d'environ 1/4 par rapport aux non-fumeuses. Pour les femmes qui souhaitent allaiter alors qu'elles fument, une précaution s'impose: il est préférable de fumer juste après la tétée, pour laisser à l'organisme le temps d'éliminer la nicotine du lait maternel avant la prochaine tétée.

Tabac et ménopause:
Le tabagisme agit sur la ménopause: il avance son âge de 2 ans en moyenne, et augmente le risque d'ostéoporose à l'origine de trop nombreuses fractures chez les femmes âgées.


* Source: Pierre Fabre Santé